La nouvelle loi sur l'immigration en France

01 avril 2024

Laurence Huard, Chargée de projet Migrants, accès aux droits, plaidoyer pour la région Grand Est au SCCF nous parle de la loi immigration et asile récemment approuvée en France.



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Secours Catholique - Caritas France


Au Code de l’Entrée et du Séjour des Etrangers et du Droit d’Asile (CESEDA) en France, s’ajoute désormais la « loi du 26 janvier 2024 pour contrôler l’immigration, améliorer l’intégration » . Si le gouvernement en France affirmait que « les Français attendaient cette loi », ses hésitations, ses reports, puis ses reprises, nous permettent d’en douter. Pour qu’une telle loi soit votée par une majorité de députés, il lui fallait les votes de l’extrême droite. A force de concessions, il les a eues.

Cette loi porte mal son nom.

Tout y est fait pour entraver l’intégration des personnes présentes sur le territoire français : exigences paradoxales pour obtenir le droit de travailler (il faut avoir travaillé sans droit pendant 12 mois avant de demander un titre de séjour sur des « métiers en tension », dont la liste n’est pas à jour), exigence sur le niveau de la langue française sans donner les moyens de l’apprendre, obligation de quitter le territoire qui court sur trois ans au lieu d’un, et qui, pendant ce temps, empêche toute démarche, et oblige presque à se cacher. Comment s’intégrer dans ces conditions ?

Quel contrôle espèrent-ils ?

La majeure partie des personnes qui arrivent ici [en France] le font au péril de leur vie, en laissant des dettes au pays, ou avec la honte du retour. Elles resteront là et leurs conditions de vie vont se dégrader.

Les associations, les syndicats et les partis politiques de gauche, se sont opposés tant qu’ils ont pu au vote de cette loi. La Caritas France, contrairement à ses habitudes, les a rejoints dans la rue pour demander son retrait. Nous avons même vécu à cette occasion un sursaut d’humanité, de fraternité dépassant toute confession. Tous chantant, ou marchant de bonne humeur, créaient une véritable communion. En vain, le populisme gagne du terrain en Europe, et les personnes exilées en font les frais, de véritables bouc-émissaires d’une pauvreté qui grandit.

Au lieu de s’en prendre à la mauvaise répartition des richesses, on pointe du doigt ceux et celles qui pourtant, lors de la pandémie de COVID, restaient au service des Français, au péril de leur vie, dans des métiers que les autochtones ne veulent plus faire parce que trop durs et mal payés.

On ne lâche rien ! Le Secours Catholique-Caritas France reste mobilisé pour la défense des droits de tous et toutes et réaliser la révolution fraternelle. Nos lieux d’accueil doivent être un rempart contre le rejet de l’autre et des espaces de réflexion ensemble, pour lutter contre les pauvretés.

 

Laurence Huard, CPMAD,  pour le RAEMH

 

Vous pouvez aussi retrouver un autre article sur le sujet sur le site du Secours Catholique.